EINSTEIN (C.)

EINSTEIN (C.)
EINSTEIN (C.)

Homme de toutes les remises en question, de toutes les avant-gardes aussi, Carl Einstein est indissolublement lié à la naissance et à l’aventure de l’art moderne. Son œuvre, par son engagement radical et ses multiples facettes, constitue une étape essentielle dans l’histoire des idées du XXe siècle.

Juif allemand, familier des cercles littéraires et artistiques aussi bien de Paris que de Berlin, lié à tout ce que l’Europe comptait alors d’esprits originaux et féconds, Carl Einstein a joué un rôle exemplaire de médiateur culturel à une époque difficile, marquée par des affrontements de tous ordres.

Journaliste-essayiste, il a su révéler à ses contemporains, en Allemagne comme en France, les œuvres littéraires ou plastiques qui faisaient date et mettre sa plume au service de ses convictions. Écrivain lui-même, il a tenté de forger un langage adapté à la sensibilité moderne et apte à transcrire une perception nouvelle du monde sensible. Enfin et surtout, critique et historien de l’art, il a su prendre l’exacte mesure des talents de son époque. Par la puissance et l’originalité de sa réflexion, sur l’art africain en particulier, il a fondé une théorie de l’art moderne qui s’inscrit dans la lignée des grands écrits esthétiques de tradition germanique, comme ceux notamment de Adolf von Hildebrand, Konrad Fiedler, Aloïs Riegl ou Wilhelm Worringer.

L’art, création d’un monde nouveau

Le 26 avril 1885, Karl Einstein (qui préférera très vite la forme latine de son prénom: Carl) naît à Neuwied, petite ville du Palatinat rhénan, dans une famille juive. Il grandira à Karlsruhe où son père, Daniel Einstein, est appelé dès 1888 aux fonctions de directeur d’un institut de formation religieuse, ainsi qu’au poste de secrétaire du Conseil supérieur grand-ducal des israélites de Bade. Rebelle, très jeune, à son milieu familial, Carl Einstein ne se plie ni à l’éducation classique – il n’obtient pas le baccalauréat par suite de son absence volontaire à plusieurs épreuves – ni à l’éducation religieuse dispensée par son père, et sa vie durant il restera en dehors de la religion et des traditions juives. La mort prématurée de son père ne lui fait pas resserrer les liens avec sa mère et sa sœur Heldwig, qui épousera le sculpteur Benno Elkan. Dans sa Petite Autobiographie (1930) ainsi que dans de nombreuses notes inédites, Einstein exprime l’ennui profond et le dégoût qu’il a ressentis tout au long de son enfance et de son adolescence dans un monde figé et trop étroit pour lui.

Il gagne Berlin et s’inscrit en 1904 à l’université, aux cours de professeurs réputés et novateurs comme G. Simmel, U. von Wilamowitz, A. Riehl, K. Breysig et H. Wölfflin. Il étudie alors la sociologie, la philosophie, les langues anciennes, l’histoire de l’art. C’est une période de lecture intensive, de Kant et de Nietzsche en particulier, mais surtout du philosophe-physicien Ernst Mach, fondateur avec Avenarius de l’empiriocriticisme et qui, avec l’esthéticien Konrad Fiedler, lui fournira les outils conceptuels décisifs pour l’élaboration de sa poétique et de ses théories de l’art. Rejetant les a priori kantiens de l’espace et du temps ainsi que l’antagonisme traditionnel entre le sujet et l’objet, le moi et le monde, Carl Einstein trouve dans le système de relations fonctionnelles qu’établit Mach entre le moi et le monde la réponse à ses interrogations. Abolissant en effet toute barrière entre le psychique et le physique, Mach considère qu’ils font tous deux partie de complexes formés de composants communs, les éléments. La dépendance fonctionnelle (au sens mathématique) de ces éléments entre eux remplace la notion de causalité, rejetée également par Einstein, qui fera sienne cette notion de fonction et la développera particulièrement dans ses réflexions sur le cubisme et l’art africain. À la suite de Fiedler, Einstein assigne à l’histoire de l’art l’étude des conditions qui engendrent les œuvres et non plus un alignement de faits et de descriptions. L’autonomie de l’œuvre d’art devient un principe clef de ses théories sur l’art.

C’est pendant ses années d’études berlinoises que se forge sa passion pour la littérature française moderne, en particulier pour Flaubert, Rimbaud, Baudelaire, Mallarmé, Gide, Claudel. Gide et Mallarmé, surtout, laisseront des traces dans la production littéraire d’Einstein, qui s’attache très tôt à faire découvrir cette littérature au public allemand. En 1912, d’ailleurs, il éditera la revue Neue Blätter dans cette intention. Ses premiers articles en 1910 dans Der Demokrat traitent de Gide et de Claudel. Sa première œuvre littéraire, Bebuquin ou les Dilettantes du miracle , publiée en 1912 par Die Aktion , est dédiée à Gide. Quelques chapitres avaient déjà paru en 1907 sous le titre «Herr Giorgio Bebuquin» dans Die Opale , le journal de F. Blei, traducteur de Gide et de Claudel et premier éditeur à donner sa chance au jeune Einstein.

Dès 1905, vraisemblablement, Carl Einstein se rend à Paris où il pressent les mêmes ferments de création qui lèvent en lui. Il est en train d’élaborer Bebuquin , cet antiroman, dans lequel il se propose, tout comme les peintres cubistes au même moment, de modifier les règles établies, de transformer la vision et la sensation de l’espace, de rendre la sensation complexe du temps. D.-H. Kahnweiler, avec lequel C. Einstein se lie bientôt d’une amitié durable et féconde, ne s’y est point trompé, qui qualifiait Carl Einstein d’écrivain cubiste allemand. Longtemps après, en 1923, Einstein lui confiait que, alors qu’il écrivait Bebuquin , les travaux cubistes avaient été pour lui «la confirmation qu’il était possible de transformer les nuances de la sensation». Cette adéquation entre les œuvres cubistes et ses propres recherches provoque chez Einstein une adhésion totale et définitive au mouvement cubiste. À Kahnweiler, autre ardent défenseur de ce mouvement, il livre lui-même la clef de son enthousiasme: «Nous savons bien que le cubisme ne nous aurait pas passionnés comme il l’a fait s’il n’avait été qu’une affaire purement optique.» De fait, Einstein a vu dans le cubisme la possibilité de transformer la vision mais, également, en éliminant la reproduction d’objets figés, réceptacles de traditions garantes d’un ordre établi dépassé, celle de créer un monde nouveau, ouvert à la liberté et à l’invention. Lui-même a cherché dans ses travaux sur l’art africain des réponses aux problèmes plastiques que se posaient les cubistes, et c’est en constante référence au mouvement cubiste qu’il faut lire Negerplastik (La Sculpture nègre ), parue en 1915. Pour la première fois, l’art africain, reconnu en tant qu’art, est analysé sur le plan formel, sans préjugé ni recours à une échelle de valeurs occidentales. Carl Einstein montre que les artistes africains ont depuis longtemps trouvé une «formulation claire de la vision plastique pure» et donné une expression de la vision collective du monde. Dans cet ouvrage, qui eut un retentissement considérable dans les milieux d’avant-garde, Einstein s’attaque également au faux concept de primitivisme et aux théories évolutionnistes. Après une deuxième édition en 1920, Einstein écrira Afrikanische Plastik , traduit en français (éditions Crès) et en italien (éditions Valori Plastici) l’année suivant sa parution en 1921. Il publiera de nombreux articles encore sur l’art africain, dont «À propos de l’exposition de la Galerie Pigalle», dans Documents no 2, en 1930, ainsi que des traductions et des adaptations de légendes et de poèmes africains.

Carl Einstein devient vite une figure connue des cafés parisiens, celui du Dôme en particulier, où, dans un milieu cosmopolite, il fréquente, entre autres, A. Basler, H. Purrmann, R. Grossmann (qui fera de lui de nombreux portraits) et aussi Joseph Brummer, sculpteur hongrois, qui, tôt spécialisé dans le commerce des objets d’art africain, financera la publication de Negerplastik . Einstein devient aussi un familier du cercle de Giraudoux qui le fera, en partie, revivre sous les traits de von Zelten dans Siegfried . Rue Joseph-Bara, il est un hôte assidu de l’atelier de Moïse Kisling, où se retrouvent artistes et poètes, tel André Salmon qui habite la même rue.

À Berlin, entre-temps, C. Einstein a publié en 1910 sa première critique d’art, sur A. Waldschmid, collaboré à plusieurs journaux et, surtout, fait son entrée dans le cercle de Franz Pfemfert, éditeur depuis 1911 de Die Aktion , revue d’avant-garde pour la littérature, l’art et la politique. Il prend part aux fameuses soirées organisées par Die Aktion . En 1913, il épouse la belle-sœur de Pfemfert, Maria Ramm, d’origine russe. En 1915 lui naît une fille, Nina, mais son mariage sera de courte durée. Le divorce n’intervient qu’en 1923 mais, entre-temps, Einstein s’engage dans plusieurs liaisons, d’inégale importance, avec notamment Aga von Hagen, Elsa Triolet, Tony Simon-Wolfskehl et Anita Rée. En 1932, il se remarie à Paris, avec Lyda Guevrekian, une Arménienne venue de Perse, sœur de l’architecte Gabriel Guevrekian. Braque sera leur témoin de mariage. Et c’est chez Braque, dont Einstein voulait regarder les œuvres «jusqu’à l’épuisement», que la veuve d’Einstein déposera, en 1948, les manuscrits de la période parisienne avant de regagner Téhéran.

C. Einstein passe la majeure partie de la Première Guerre mondiale à Bruxelles où il a été affecté à la division coloniale du gouvernement civil. Il retrouve là des amis berlinois comme Carl et Théa Sternheim, G. Benn, et fréquente aussi O. Flake, le baron von Wedderkopp, H. Kasack, P. Westheim (futur éditeur de Das Kunstblatt , dans lequel Einstein écrira régulièrement, et coéditeur avec lui en 1925 de Europa-Almanach ), sans oublier le poète belge Clemens Pansaers. Einstein entretient également des contacts avec les cercles pacifistes. Enthousiasmé par la révolution russe, il prend une part déterminante au Conseil des soldats dès sa constitution à Bruxelles en 1918. Il est chargé de la presse et de la radio ainsi que des négociations avec les autorités belges. Die Revolution in Brüssel relate son action et celle du Conseil qui réussit à contrôler l’évacuation de la ville et la retraite de l’armée allemande. À la fin de décembre 1918, Einstein regagne Berlin, où, en raison du rôle qu’il avait joué à Bruxelles et de ses sympathies pour le groupe Spartakus, il est obligé de se cacher pour échapper aux poursuites de la police. Il reprend néanmoins assez vite ses activités et collabore à la revue dadaïste de W. Herzfeld, Die Pleite , interdite peu après. À l’automne de 1919, il édite, avec G. Grosz, l’hebdomadaire satirique Der blutige Ernst , dirigé contre le retour à l’ordre, la répression des mouvements ouvriers et le règne des profiteurs dans la république de Weimar, qui sera interdit après six numéros. Sa pièce de théâtre Die schlimme Botschaft (Le Mauvais Message) parue en 1921 lui attire en 1922 un procès pour blasphème et une peine de prison commuée en amende. Les milieux conservateurs lui reprochaient, en effet, d’avoir mis en scène le Christ pour dénoncer les abus de la société weimarienne et la montée de l’antisémitisme.

Pendant ces années à Berlin, Carl Einstein a des contacts suivis avec la colonie russe, El Lissitzky, Archipenko et les hôtes de passage, Chagall, Maïakovski.

Au début des années vingt, sa grande histoire de l’Art du 20e siècle (Die Kunst des 20. Jahrhunderts , 1926) est en gestation. Première réflexion d’envergure sur l’art moderne, elle surprend encore aujourd’hui par sa clairvoyance et la sûreté du choix iconographique. Carl Einstein entend bien dans cet ouvrage régler leur compte à des gloires surfaites – par des jugements lapidaires ou, pire, par l’oubli – mais aussi proposer une formulation rigoureuse de ses enthousiasmes et de ses théories. Ses théories, pour les résumer brièvement, se composent d’un certain nombre d’exigences, d’ordre éthique, technique et politique. L’homme, l’artiste, doit se révolter contre l’arbitraire, secouer le joug de la religion, faire de l’art absolu comme de la politique absolue, car «l’homme n’est plus un miroir mais la possibilité de toute la réalité future» et «l’homme et le monde sont quotidiennement inventés par l’homme», sans oublier que «peindre, c’est créer l’espace». Il est clair que c’est essentiellement dans le cubisme de Braque, Picasso, Gris et Léger, dans le Blaue Reiter (le Cavalier bleu) chez Marc et Klee, dans l’avant-garde antérieure à la révolution russe, dans la Nouvelle Objectivité représentée par O. Dix, M. Beckmann, G. Grosz qu’Einstein reconnaît l’art capable d’engendrer un monde et un homme nouveaux.

Exil et constat d’échec

L’Art du 20e siècle renforça la notoriété internationale de Carl Einstein et connut un succès considérable: deux rééditions, remaniées en fonction de l’évolution de l’auteur et de celle des artistes, suivirent en 1928 et en 1931.

Cependant, la situation étant devenue intolérable pour lui en Allemagne, Einstein s’installe définitivement à Paris en 1928. La période qui suit se caractérise par une grande effervescence intellectuelle. Il participe à la création de Documents-Doctrines, Archéologie, Beaux-Arts, Ethnographie avec Georges Bataille, Georges-Henri Rivière et Georges Wildenstein. Il donne son empreinte à la revue à travers les nombreux articles qu’il écrit sur l’art africain, le cubisme et les peintres surréalistes Masson et Miró qu’il qualifie de «romantiques», pour l’usage qu’ils font de «l’hallucination» et de l’expérience intérieure. La présence d’Einstein à Documents signifie également l’ouverture à l’ethnologie allemande, qui pour des raisons historiques était mal connue en France. C’est l’un des mérites notoires d’Einstein que d’avoir contribué au renouvellement de l’ethnologie française dans les années trente et surtout d’avoir jeté les premiers ponts, solides, entre l’histoire de l’art et l’ethnologie.

Carl Einstein participe aussi à l’aventure de Transition , la revue internationale d’Eugène Jolas, qui publie certaines de ses œuvres en anglais.

Malgré quelques publications et conférences en Allemagne, Einstein se sent de plus en plus coupé de son public allemand et de sa langue maternelle. La prise du pouvoir par Hitler en 1933 lui interdit tout espoir de retour. Des doutes, en filigrane depuis plusieurs années, sur ses écrits, sur l’art, se font de plus en plus insistants. La galerie Simon publie un long poème de lui, en allemand Entwurf einer Landschaft (Esquisse d’un paysage), en 1930. En 1934 paraît encore la monographie sur Braque, depuis longtemps annoncée. Cependant, autour des années 1935-1936, c’est un évitable constat d’échec qu’il dresse, dans un virulent pamphlet resté inachevé, La Fabrication des fictions . Il y stigmatise les intellectuels et les artistes vendus aux idéologies dominantes et remet radicalement en question ses choix antérieurs. Il ébauche une théorie matérialiste de l’art dans laquelle disparaît toute individualité au profit du seul facteur décisif, celui de la collectivité.

Fidèle toutefois à ses engagements antérieurs, Carl Einstein part pour l’Espagne, en 1937, combattre pour la liberté. Résolument de gauche mais n’ayant jamais opté pour le communisme, il se joint aux anarcho-syndicalistes et combat dans la célèbre colonne Durruti. Au début de 1939, brisé dans ses dernières espérances, il rentre en France. Totalement démuni, il est recueilli un temps par Louise et Michel Leiris. Il essaye de reprendre pied, mais, Allemand vivant en France, il est frappé par le décret du 25 mai 1940 et interné dans un camp près de Bordeaux. Il est relâché en raison de son âge, mais il erre sur les routes du Midi et, redoutant de tomber aux mains des Allemands, il tente de se suicider. Arthur Koestler relate dans son livre dédié aux écrivains allemands en exil, Scum of the Earth , Londres, 1955, cette fuite et cette désespérance qui poussèrent entre autres Einstein, Walter Benjamin et Walter Hasenclever au suicide. Einstein est alors soigné à l’hôpital de Mont-de-Marsan puis recueilli par les moines de Lestelle-Bétharam. Mais, repoussant toute tentation de conversion, il quitte en secret le couvent. Il est sur les listes noires de la Gestapo depuis 1933; pour lui la route de l’Espagne est barrée; les portes de l’Amérique ou de l’Angleterre sont fermées. Il se jette, le 5 juillet 1940, dans le gave de Pau en un ultime effort pour dominer son destin, pour sortir librement d’un implacable enchaînement d’événements et de l’impasse intellectuelle dans laquelle il se trouvait alors.

À la lumière de recherches sur Carl Einstein, dont l’initiateur en France a été Jean Laude, il apparaît clairement qu’Einstein a été un vecteur essentiel dans l’éclosion et la diffusion des idées majeures du début du XXe siècle et que sa pensée a fécondé, dans l’ombre d’un oubli propice, nombre de travaux postérieurs.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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